Interviews

Stop COVID19 : Entretien avec le Président de la commission sécurité

Un mois après le lancement de la campagne de lutte contre la propagation du Covid19 , le Pr Edmond Biloa fait le point sur la commission sécurité.

professeur Edmond Biloa, vous êtes le président de la commission sécurité de l’opération Stop COVID19 à l’Université de Yaoundé Il , comment se porte cette commission ?

La commission sécurité se porte relativement bien. Nous venons d’être frappés par le meurtre d’une de nos étudiante, la regrettée Ngah Akoa Célestine
Poignardée hors du campus. Ce genre d’événement nous interpelle et interpelle aussi la sécurité.
C’est vrai que nous ne sommes pas directement concernés parce que les étudiants une fois qu’ils sont hors du campus nous ne sommes plus directement responsables de leur sécurité, puisque nous ne pouvons plus leur dicter une ligne de conduite.
Mais sur le plan moral vous savez lorsqu’un membre de notre communauté est frappé, c’est toute la communauté qui est éprouvée

Quel bilan faites vous de votre commission, un mois après le lancement de l’opération Stop COVID19 ?
En ce qui concerne la lutte contre le Covid19 nous avons entamé le travail de la plus belle des manières aussitôt que les étudiants ont repris les cours en présentiel le 1er juin dernier. Nous avons pour mission de veiller au strict respect de l’application des mesures barrières par tous les membres de la communauté universitaire et à la bonne conservation du matériel de désinfection et des équipements acquis par les autres commissions. C’est vrai qu’on a noté quelques actes de vandalisme, des cubitenaires qui ont été éventrés, mais nous avons pris des dispositions pour que les cubitenaires soient transportés chaque soir à la fin des cours et gardés dans des salles bien fermées et dans les bureaux.

Vos équipes rencontrent- elles des difficultés sur le terrain?

Parmi les difficultés je peux évoquer l’épuisement des équipes de police campus. Avant la pandémie les agents de police travaillaient dans un système de rotation, ce qui leur permet de ses reposer suffisamment. Depuis le lancement de cette campagne les agents n’ont plus de jour de repos, certains sont en appui à la DIPD et les autres doivent en même temps assurer la sécurité dans cette opération Stop COVID19, et continuer leur travail ordinaire de sécurisation du campus universitaire. Globalement, je dirai que le combat contre la pandémie du COVID19 en ce qui concerne la commission sécurité dont j’ai la charge se passe bien. Les difficultés auxquelles nous sommes confrontées sont des difficultés normales à partir du moment où nous sommes appelés à nous occuper des charges auxquelles vous ne sommes pas habitués.

Éprouvez vous des difficultés avec les étudiants?
Non, il n’ya aucun problème avec les étudiants.
Contrairement à ce qu’on craignait, les étudiants sont plutôt très disciplinés, ils comprennent la nécessité d’appliquer les mesures barrières édictées par le gouvernement et l’organisation mondiale de la santé. Il n’ya aucune difficulté en ce qui concerne le management des étudiants, le problème au début c’était les enseignants. Certains avaient parfois du mal à accepter qu’on leur prenne la température à l’entrée du campus ou qu’on leur demande de prêcher par l’exemple en se lavant les mains ou en les désinfectant avec un gel hydroalcoolique. Mais graduellemt tout le monde s’adapte aux nouvelles contraintes.

Professeur il reste deux mois à tenir , comment envisager vous la suite du combat contre la Covid19 dans votre commission ?
Nous devons juste doubler de rigueur et de vigilance. Vous savez qu’en matière de sécurité il n’ya pas de relâchement. Il faut toujours rester vigilant car c’est lorsqu’on ne s’y attend pas que le malheur arrive.

Le Glaucome : causes, manifestations et traitement

Le Glaucome est la première cause mondiale de cécité irréversible. Il détruit progressivement et définitivement le nerf optique en silence sans signe ni symptômes spécifiques. A l’occasion de la journée mondiale du glaucome, Pr EBANA MVOGO Côme, Président de la Société camerounaise d’ophtalmologie répond aux questions de la rédaction.

Quand se célèbre la journée mondiale du glaucome ?

La journée mondiale du glaucome se célèbre le 14 mars de chaque année, tandis que la semaine mondiale du glaucome cette année va du 10 au 16 mars 2019.

Qu’est-ce que le glaucome ?

Le glaucome est une destruction progressive des fibres nerveuses du nerf optique qui aboutit à la cécité. Il se manifeste par la diminution progressive de la vue sur les côtés de l’œil, comme si le malade regardait dans un tuyau et finit par être aveugle.

Quels sont les types de glaucomes ?

Le glaucome congénital  qui atteint le bébé dans le ventre ou immédiatement après la naissance, qui va de la naissance jusqu’à trois ans. Le glaucome juvénile qui va jusqu’à l’âge adulte. Le glaucome de l’adulte dont la forme principale est le glaucome primitif à angle ouvert qui commence aux alentours de 40 ans.

Y a t-il des causes liées à cette maladie ? 

Il y a une partie génétique dans la mesure où dans certaines familles, beaucoup de personnes font le glaucome. Mais la plupart du temps, on ne trouve aucune cause spécifique. C’est pour cela qu’il faut toujours se faire dépister et surveiller le nerf optique pour être sur qu’on n’a pas le glaucome.

Quelles en sont les manifestations ?

C’est une maladie extrêmement complexe.  Au début il ny a pas de symptômes spécifiques qui peuvent faire penser qu’on est atteint du glaucome. Si on n’est pas très attentif, on ne s’aperçoit pas que la vision diminue sur les côtés. Ce n’est qu’au stade compliqué lorsque la maladie a beaucoup évolué que l’on s’aperçoit que la vision a diminué.

Peut-on guérir du glaucome ?

On ne guérit pas du glaucome, mais on le traite. Parce que le glaucome n’a pas une cause génétique spécifique. Il faut avoir un faisceau d’arguments pour poser le diagnostic du glaucome.  Parfois la pression intraoculaire est très élevée, ou dans certains cas elle est à la limite de la normale.

Comment traiter cette pathologie ?

On peut la traiter de trois façons dont médicalement, et c’est un traitement à vie qui consiste à mettre les gouttes dans les yeux tous les jours pendant toute la vie. Ensuite par  l’opération. Lorsque l’opération est réussie, on constate que la pression intraoculaire est stabilisée et qu’elle n’évolue plus. Cela ralentit et arrête la pression des fibres optiques. Dès lors on peut garder la vue bien qu’étant glaucomateux.

Quels sont les objectifs que vise la semaine d’activités de lutte contre le glaucome ?

L’information. Il faut donner la bonne information à la population et les sensibiliser dans le but d’aller faire le dépistage. L’adage de la semaine est « la vue c’est la vie » pour dire qu’on ne doit pas laisser le glaucome voler votre vue et pourrir votre vie.

Y a-t-il un âge pour se faire dépister ?

Adulte de plus de 35 ans. Les plus jeunes peuvent se faire dépister lorsqu’ils ont des gens dans leurs familles qui sont glaucomateux.

Quelques statistiques ?

Environ 5% de la population camerounaise ont le glaucome. Sur le plan mondial, plus de 75% d’aveugles dus aux glaucome. On compte donc environ des centaines de millions de glaucomateux dans chaque pays à travers le monde entier.

 

Entretien réalisé par Josiane Bomoyeto

le cancer de A-Z: Entretien avec le Pr Paul Ndom, Chef du Centre Medico-social de l’Universite de Yaounde II

A l’occasion de la célébration de la journée mondiale du cancer, le Pr Paul Ndom, Onchologue , Chef du Centre Médico-social de l’Université de Yaoundé II, et Secrétaire permanent du  Comité national de lutte contre le cancer, a échangé avec notre rédaction pour éclairer la lanterne de la communauté universitaire sur cette pathologie.

 

Professeur, quand se célèbre la journée mondiale du Cancer  ?

La journée mondiale du cancer se célèbre tous le 04 février chaque année.

Pourquoi la journée mondiale du Cancer et quel est le thème de cette année ?

La Journée mondiale du Cancer est consacrée depuis 13 ans à la sensibilisation de l’opinion mondiale sur la problématique du cancer.  Le thème de cette édition 2019 est « je suis un tel, je dois faire telle chose ». Ce thème a pour but d’interpeller les différents acteurs, toute la communauté mondiale à participer à la lutte contre cette pathologie, car l’Etat seul ne peut pas réussir à vaincre le cancer. Il faut que chacun puisse apporter sa contribution avec ses moyens dans le lieu où il se trouve et avec son expérience.

Quelles sont les causes du cancer ?

Les causes sont multiples et dépendent du type de cancer. Il y a  l’hépatite B qui finit par causer le cancer du foie ; le HIV/Sida qui cause les cancers cutanés appelés les « Sarcome de kaposi » ; « epstein barr virus» qui provoque les lymphomes qui sont une tumeur qui se manifestent par des ganglions au niveau des aisselles et même dans la cavité abdominale ; le « Human papilloma virus » qui est vraiment responsable des cancers au niveau du col de l’utérus.

Il y a  également le tabagisme qui cause le cancer du poumon ; les peintures que nous utilisons ; la poussière aspirée par les casseurs des pierres ; la forte consommation d’alcool ; la consommation de certains aliments mal conservés comme les graines de maïs, de blé, d’arachide et enfin des champignons qui peuvent causer le cancer du foie.

Quelles sont les manifestations du cancer ?

Les manifestations sont liées au type de cancer, à sa localisation, à son agressivité. Chaque cancer en fonction de sa localisation présente des signes et des symptômes. Les signes de cancer ne se cachent pas. Au départ c’est lent, mais progressivement ça devient bruyant.  Une femme par exemple atteinte du cancer du sein a une forte poitrine parce qu’un nodule est entrain de grossir dans le sein. Ce nodule peut se fistuliser, se percer comme un abcès et devenir très dangereux. Le sein commence à couler au point de mouiller le soutien, la robe, etc.  Chez certaines personnes, l’abdomen qui est plat devient comme une grossesse de six mois parce qu’il y a une tumeur qui se développe à l’intérieur, etc. Le cancer se manifeste aussi par une forte transpiration et à tout moment chez des personnes qui présentent des lymphomes avec des ganglions aux aisselles dans la région inguinale. Dans les leucémies, il y a des patients anémiés, pâles, etc.

Est-ce qu’on guérit du cancer professeur, si oui comment se passe le traitement ?

Il y a des cancers qu’on guérit. Ce sont des cancers dont le diagnostic est précoce. C’est-à-dire les cancers dépistés très tôt avant qu’ils ne commencent à se développer, avant qu’ils ne fassent des métastases. C’est dire que le malade de cancer précoce peut guérir de cette pathologie lorsqu’il est pris en charge immédiatement après dépistage par les centres agréés ayant des médecins compétents dans le traitement du cancer.

Les traitements du cancer sont variés et dépendent du stade de l’arrivée du malade à l’hôpital. Pour le traitement, la chirurgie est indiquée quand la tumeur est précoce et palpable. Après la chirurgie, il peut avoir la chimiothérapie, en fonction de ce qu’on a observé à l’analyse de la pièce qu’on a enlevé chirurgicalement. Il y a aussi la radiothérapie, des rayonnements qu’on peut envoyer dans la zone concernée.

La plupart des malades de cancer arrivent tardivement à l’hôpital, lorsque la maladie est déjà à une phase très avancée. Qu’est ce qui justifie cela?

L’arrivée tardive des malades de cancer à l’hôpital s’explique simplement par le manque d’informations sur cette pathologie. Les populations ne suivent pas les médias, les programmes de santé, elles ne s’informent pas sur cette maladie. Ces populations n’écoutent pas des personnes formées, et préfèrent courir vers des guérisseurs qui parlent de cancer pourtant ils n’en ont pas la maîtrise. Il y a également la pauvreté ambiante qui ne permet pas à certaines personnes de se rendre à l’hôpital pour se faire consulter.

Quelles sont les stratégies mises en place jusqu’ici  pour lutter contre cette maladie ?

Au niveau du comité national de lutte contre le cancer, nous allons créer des centres de dépistage et de diagnostic précoces des cancers dans les 10 régions. Ainsi les gens pourront s’y rendre tous les jours pour se faire consulter. Ce qui nous permettra de lutter efficacement contre cette maladie. Le dépistage va nous permettre de rechercher des signes qui peuvent évoluer vers le cancer si rien n’est fait. C’est-à-dire trouver des anomalies qui peuvent générer le cancer. On pourra donc recenser les cas précoces de cancer.

Quelques chiffres ? 

L’année prochaine il y aura des données plus fiables concernant  toute l’étendue du territoire national. Mais selon les statistiques  de l’Hôpital Général de Yaoundé pour cette année, en moyenne sur 1000 malades reçus à l’Hôpital Général et atteints de cancer, 66 % de cancers concernent les femmes. La plupart de ces cancers se retrouvent chez les personnes jeunes entre 41 ans et 50 ans, pourtant à l’Etranger, la majorité des cancers c’est après 50 ans.70% des malades de cancer arrivent à  l’hôpital à des phases tardives. Le cancer du sein garde la palme d’or.

Peut-on prévenir le cancer ?

Oui on peut prévenir le cancer. Il y a des pays où on ne parle plus du cancer du col de l’utérus. Tout simplement parce que les jeunes filles avant leur premier rapport sexuel, prennent le vaccin contre le HPV. Il y a aussi des vaccins contre l’hépatite qui préviennent le cancer du foie.

Il y a également une bonne hygiène de vie, les exercices physiques et sportives, le fait de ne pas rester à côté des fumeurs, le fait de ne pas prendre l’alcool, avoir une alimentation saine, manger beaucoup de légumes, des fruits.

 

Entretien réalisé par Josianne  Ndigui B